Comme chaque année, départ 8 h devant la mairie : direction CHAZELLES-sur-LYON, le Musée du chapeau ; nous sommes 18, il fait un temps radieux ; prenons les routes de campagne et traversons villes et villages pour arriver, légèrement en avance car le musée est….fermé !
Il est installé dans une ancienne usine depuis 1983 ; Chazelles en comptait 28 en 1930 et la dernière a fermé ses portes en 1997. Ces usines étaient de très grands bâtiments, avec d’immenses halls où se trouvaient les machines, à l’extérieur de hautes cheminées en briques rouge, sont encore dans le paysage de la ville. Enfin notre guide ouvre la porte, chapeau sur la tête comme il se doit, grand tablier bleu de l’ouvrier-chapelier, la mine réjouie et avec faconde et quelque peu d’humour qu’il conservera toute la visite, nous fait entrer dans une immense salle où des machines sont disposées. Il nous installe devant une vidéo tournée dans une usine, commentée par les ouvriers et s’intitulant : Le Lapin et Le Chapeau….non ce n’est pas une fable de La Fontaine !!! mais bien la découverte des conditions très dures qu’avaient tous ces ouvriers mais aussi ouvrières dans ces usines de chapellerie pendant l’ère industrielle, depuis le milieu du XIXème jusqu’au milieu du XXème siècle. Ils travaillaient dans une atmosphère de vapeur extrême avec émanations d’acide sulfurique, nécessaire dans le traitement des feutres, et le bruit des machines en plus. Au début du XXème siècle Chazelles devient la première productrice du chapeau feutre de luxe de France : 28 usines, 2500 ouvriers et jusqu’à 4 millions de chapeaux par an ! Les grands noms du chapeau étaient : Fléchet, Morreton, France… Notre guide reprend la parole et nous confirme que c’est à partir du poil de lapin – domestique, garenne et lièvre – que sont faits les feutres. Le poil arrive en paquets et il faut cinq lapins pour obtenir 80 à 100 gr de duvet pour la confection d’un chapeau ! Puis nous suivons les différents stades de la confection d’un chapeau. Pendant la vidéo nous avons entendu égrener le vocabulaire particulier de l’ouvrier-chapelier :
* SOUFFLAGE pour trier le poil * BASTISSAGE où le poil va venir se coller sur un très grand cône de cuivre à l’intérieur d’une première machine pour donner naissance à la première forme du chapeau, appelée cône ou cloche, forme très grande au départ. * ARROSAGE léger pour coller le poil * DEMOULAGE…..SEMOUSSAGE : le cône est placé dans un molleton et roulé plusieurs fois sur une plaque chauffante….beaucoup de bruit sur la machine
* FOULAGE qui amènera le cône à sa taille définitive. Pour le foulage manuel, utilisation de la manicle, pièce en bois pour frotter la cloche ; jusqu’en 1960 le fouleur à la main gagnait 3 fois plus qu’un instituteur. Malgré les conditions difficiles ce travail était recherché ! pé-ni-bi-li-té ??? on ne connaissait pas ce mot sans doute !!!
Et je continue la liste des mots pour chaque opération :
* CARRELETAGE : ponceuse pour les feutres ras. Le feutre Flamand se faisait avec des poils de lièvre ; le Taupé avec en travaillant le feutre avec une peau de chien de mer (requin). * ABATTAGE pour les bords * APPROPRIAGE : étape essentielle que nous avons vu réaliser par notre guide et son assistante du moment Annie qui fit son apprentissage pour lustrer le chapeau ; après avoir chauffé le cône dans une étuve il faut le plaquer très exactement sur le moule choisi en tirant très fortement sur les bords puis ceinturer avec ficelle etc, etc etc… * BICHONNAGE, ARRONDISSAGE,TOURNURAGE,
* TONDAGE ( pour le poil de lièvre ) * GARNISSAGE pour mettre un fond sur les chapeaux d’homme seulement * PIQUAGE
Après tout cela, l’expression « travailler du chapeau « peut se comprendre !
Suite à la fabrication du chapeau nous avons pu admirer les nombreuses vitrines exposant des chapeaux par thèmes du XVIII ème siècle à nos jours, chapeaux aux destinations variées : ecclésiastiques, coloniaux jusqu’aux toques de grands cuisiniers : Bocuse, Troisgros…
Quelques modèles ayant coiffés des têtes célèbres :Grace Kelly, Marie Curie, Maurice Chevalier..et François Mitterand , même le bonnet du commandant Cousteau….
Parmi les usines il y avait L’usine FLECHET construite en 1902 et inscrite aux Monuments Historiques depuis 1999 ; elle est en cours de réhabilitation ; ce sera le nouveau cadre du Musée en 2013.
Avant de quitter le musée nous traversons l’exposition-vente de …chapeaux et évidemment chacune de ces dames essaye et pour certaines trouvent le chapeau de ses rêves !
Nous quittons le musée et sommes surpris par la grosse chaleur du dehors. Reprenons les voitures et direction La Giraudière pour trouver le restaurant Commarmond où nous devons déjeuner. Nous sommes tout à fait dans les temps, notre table est dressée dehors sur une terrasse : un repas copieux et bon nous est servi, chacun a l’air satisfait.
Repartons pour le Musée de la Mine de Saint-Pierre-la-Palud : mines de cuivre et de pyrite ; Ce musée est géré, entre autre, par des bénévoles qui se chargent des visites. Il comporte deux sites : le musée proprement dit où une reconstitution de galeries nous fait revivre en sous-sol la vie du mineur et, en surface à quelques centaines de mètres, le « chevalement du puits Perret « qui se dresse comme une tour Eiffel asymétrique.
Nous marchons en premier vers ce site et grimpons pour s’approcher du « monument d’acier «. Le guide est très fier de nous montrer les machines et les installations pour commander ce gros monte-charge situé à l’intérieur du chevalement. Avant les mineurs descendaient 1000 marches…..
Ce site fut peut-être découvert par les romains mais on ne connait vraiment son histoire que depuis le XVème siècle avec Jacques Cœur, le Grand Argentier du roi Charles VII. Il s’associe avec les marchands de Lyon pour exploiter les mines, puis au XVIIIème siècle grande prospérité ; à cette époque les mines n’exploitent que le cuivre. Mais au début du XIXème siècle la teneur en cuivre avait beaucoup diminué et en 1842 les mines deviennent la propriété de la famille Perret qui a mis au point un procédé pour obtenir de l’acide sulfurique par grillage des pyrites. Ainsi la pyrite va devenir la matière première pour la fabrication de l’acide sulfurique. En 1872 les Perret cèdent leurs droits à la Société Saint-Gobain qui exploitera pendant un siècle, jusqu’en 1972, car les réserves s’amenuisent et surtout arrive le soufre de récupération du gaz de Lacq.
Il n’y avait plus que 150 mineurs au moment de la fermeture mais la mine a employé jusqu’à 1000 personnes. Le gisement de Saint-Pierre a produit jusqu’à 300.000 tonnes de pyrite annuellement.
Mais déjà la famille Perret, à son époque, installe une fabrique d’acide sulfurique à Lyon dans le quartier de La Vitriolerie ( voilà l’origine du nom ) puis à St-Fons qui de- viendra le grand pôle de la chimie. Le minerai était acheminé par des camions à la gare de St Bel où des wagons de la SNCF les transportaient aux usines de St-Fons.
Retour au Musée où un autre guide, fils de mineur, nous entraîne dans les profondeurs de la mine…nous découvrons la reconstitution fidèle d’une galerie aménagée avec ses boisages et ses mannequins grandeur nature, les mineurs au travail…belle réalisation, nous voyons aussi les outils, tels que marteau-perforateur, un treuil….un cheval qui était descendu dans la mine par des sangles et qui passait sa vie à tirer les charriots….des vérins ( certaines maisons sont montées sur vérins car le sol s’affaisse ) etc, etc… Il faisait très chaud dans la mine et le mineur était souvent torse-nu, en slip de laine avec des bottes, enduit de graisse…la chaleur, la poussière, l’enfermement, le bruit des perfo….là non plus le mot pé-ni-bi-li-té n’était pas connu !!!!!!
Nous découvrons aussi » la cage au canari » car cet oiseau est très sensible à l’oxyde de carbone et il bat des ailes à la moindre émanation. Mais en 1934 il y eut un incendie qui s’étendit à toutes les galeries boisées ; il y eut 31 morts par l’oxyde de carbone. Nous voyons aussi la statue de Sainte Barbe dans une niche ; elle est la patronne des mineurs et des pompiers. Les mineurs se mettaient sous sa protection.
Il y avait aussi le rejet des eaux qui une fois remontées à la surface par des pompes, devaient être traitées pendant plusieurs semaines avant d’être rejetées dans la Brévenne.
A la sortie de la galerie nous entrons dans une salle où de très beaux minéraux et fossiles du monde entier sont présentés dans des vitrines….très, très belle collections.
Peut-être pouvons-nous faire un lien entre ces deux musées visités ce jour : L’acide sulfurique fabriqué grâce à la pyrite des mines de St Pierre était utilisé pour traiter les chapeaux fabriqués à Chazelles !
Que de découvertes avons-nous faites aujourd’hui !
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