Après une bonne heure de route, sinueuse souvent, nous découvrons un village aux rues étroites, bordées de maisons en pierre jaune et une tour se détache, vestige d’un château féodal.
L’église située au milieu du village est ouverte : petite église construite et remaniée entre le XVIII ème et XIX ème siècle, sans doute à l’emplacement d’une église plus ancienne.
Nous entrons et découvrons des murs jaunes habillés de peintures murales, immenses pour certaines, où le bleu domine dans tous ses registres et habitées par de nombreux personnages. C’est une impression première….
Mais voilà notre guide arrive. Il nous dit avoir fait un AVC il y a quelques mois mais veut bien assurer la visite tout en s’excusant d’être moins dynamique ! Nous verrons… Il nous expose tout d’abord l’historique de ces tableaux peints par Jean Fusaro dans ce village assez retiré des grandes routes touristiques.
Notre guide, Bernard Gouttenoire, était chargé de mission à la culture, au conseil général du Rhône. En 1990, Joseph Ducarre et Michel Mercier, alors président du conseil général du Rhône, cherchaient à développer l’art et le tourisme dans certains cantons un peu plus délaissés. Bernard Gouttenoire connaissait bien les peintres lyonnais, André Cottavoz, Couty, Jacques Truphémus et Jean Fusaro celui qui accepta de faire vivre son art dans cette modeste église de campagne.Le maire du village, Monsieur Roche, est d’accord et les fonds sont débloqués par le conseil général et l’Europe.
L’artiste commence son œuvre en 1995, il a 70 ans. Les quatre premiers tableaux sont dans l’abside. Nous découvrons sur la droite, un saint Jacques, en route sur les chemins de Compostelle qui a l’air de flotter plutôt que de marcher ; avec lui une foule dans laquelle on reconnait des visages. C’est un clin d’œil à la vie !
En face, sur la gauche, les saints Cyrille et Méthode qui ont évangélisé les Balkans. Pourquoi ce choix ? Ces deux saints ont été nommés par Jean-Paul II en 1980 : co-patrons de l’Europe. Aussi c’est une façon pour Jean Fusaro, de remercier ses donateurs !
Au milieu de l’abside, deux immenses toiles s’étalent : Le Golgota en Beaujolais, mais oui, car nous retrouvons le village de Saint-Jacques-des-Arrêts, la roche de Solutré et toujours une foule avec des visages que l’on peut reconnaître : le maire, Frédéric Juliani, Fusaro et sa femme et même Kadafi. Les évènements du moment apparaissent dans sa peinture ; les personnages sont en mouvement..
Et le Baptême de Jésus dans la Saône. La transposition ne choque pas ! Trois personnages au milieu du tableau : le passeur qui donne l’eau à saint Jean Baptiste, leurs mains sont au-dessus de la tête de Jésus. De nombreux personnages s’animent dans l’eau ou dans des barques ; il y a aussi des joutes et au fond l’on voit des icebergs : c’est l’art de remonter le temps !!
Continuons la visite et découvrons sur les murs des nefs latérales les tableaux du chemin de croix, au nombre de huit, tous de même format .Le peintre a pris quelques libertés avec l’Évangile ce qui fit dire au Cardinal Barbarin lors de l’inauguration, devant le jardin des oliviers : « C’est un peu tropézien » !!!! Le Judas du tableau a un masque ; puis on reconnaît Mozart : prend-il des notes ??? Sur le tableau de « Jésus porte Sa Croix » le portement de croix attire l’attention. En effet Jésus comme Simon de Cyrène ne soutient pas correctement la croix. Mais c’est voulu par l’artiste car il veut nous dire : il est difficile de porter sa croix et c’est encore plus difficile de porter celle des autres. Les personnages sont peu appuyés, quelques visages plus détaillés et toujours un ciel plus marqué.
Les derniers tableaux sont sur le mur du fond de l’église : l’ensemble mural de huit mètres de haut est consacré aux « martyrs de Lyon », thème important pour rappeler les racines chrétiennes de la Gaule. Sainte Blandine repose sur une couche tout au sommet. La scène du Jardin des supplices, qui cache l’oculus, rappel Jérôme Bosch (peintre Flamand). Nous retrouvons les deux théâtres, Fourvière et les Trois-Gaules et Saint Pothin, premier évêque de Lyon et martyr aussi en 177.
Et de chaque côté sont représentés Saint Pothin qui succéda comme évêque à Saint Irénée, et Saint Agobard nommé à Lyon par Charlemagne vers 798, successeur de Leidrade, chargé de recruter pour l’école de chantres. Lyon est resté capitale de chantres avec la maîtrise de Saint-Jean et les petits chanteurs de Saint-Marc.
Un dernier tableau représente Fourvière, la cathédrale Saint-Jean un soir de 8 Décembre : très beau tableau plein de petites lumières éclairant un ciel très sombre.
Jean Fusaro, lors des dernières toiles posées, a dit : « Ma prétention est simple. Je souhaite que les œuvres puissent apporter quelques moments de joie et de bonheur à ceux qui viendront ici ». Le vœu de l’artiste est exhaussé, je pense, car nous avons tous apprécié ces tableaux pleins de vie, de naïveté et les commentaires de Bernard Gouttenoire qui donnaient les clefs pour entrer dans l’œuvre de Jean Fusaro.
Les yeux encore remplis de silhouettes et de couleurs, nous sommes allés à l’Auberge toute proche pour déguster un repas bon et copieux ; nous avons pu échanger encore avec notre guide pendant le repas et nous l’avons félicité sur sa visite et sur son état de santé !
L’après-midi , nous avions rendez-vous à la ferme des Planons en Bresse pour visiter et le musée et les bâtiments dont la construction remonte à 1490. La ferme classée est un ensemble de bâtiments remarquable, empilant les époques et les techniques de construction : torchis, brique, pisé - et même la pierre - dans un style typique de la Bresse.
Dans les pièces d'habitation est reconstitué un intérieur bressans du XIXème siècle, qui donne un bon aperçu du mode de vie paysan de l'époque. La cheminé sarasine qui couvre un tiers de la pièce à vivre est impressionnante.
Le musée propose une exposition permanante sur la bresse et des expositions temporaires. À l’entrée du musée il était intéressant de détailler une collection magnifique, « d’œufs peints », œuvre de Ioana Vassiliu, artiste d’origine roumaine qui vit en Saône et Loire depuis 1970. Dans les pays de l’Europe de l’Est, la coutume est de décorer les œufs que l’on pose sur la table pour le repas pascal. Ce sont des œufs de cane ; de nombreux thèmes sont représentés : iconographie orthodoxe, répertoire animalier, petits personnages ; c’est un travail tout en finesse, choix des couleurs….
La journée fut variée et bien remplie sous un soleil d’été.
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